Liberté d'esprit
L’homme joue les devins en croyant voir ailleurs
Ce qui doit arriver, quand tout part de lui-même.
Il vit pour découvrir des vérités suprêmes
Mais non pour supposer un avenir meilleur.
Homme, deviens enfin de ta vie le veilleur :
Agis en propre chef et fais ce que tu aimes,
Reste libre, insoumis, sans ordre en ta bohême
Si tu veux parvenir à mourir en seigneur !
Certes, je vois ton œil douter à mon propos ;
Le travail, penses-tu, s’oppose à ton repos.
Bien sûr tu dois œuvrer sans trop d’indépendance…
Mais dessous ta casquette un être digne voit,
Entend, pense... L’esprit peut naître de la danse.
Par lui deviens un guide : A lui seul tu te dois !
Spleen
Les nuages le jour les étoiles de nuit
Ou le ciel pâle et vide ou l’immensité noire
Toute l’humeur du monde évidant ma mémoire
Passe devant mes yeux et le néant s’en suit.
Il ne reste plus rien pour contrer cet ennui
Qui m’installe en suspens sur un tréteau de foire ;
Désormais point de cri, plus de joute oratoire,
Tout se perd dans l’instant figeant mon aujourd’hui.
Mais vous, qui tressautez à la moindre parole,
Ne bondissez-vous pas dès que la mort vous colle ?
Au nom de la survie, formons un bloc uni !
Il y va de l’honneur et de l’espoir de l’homme
Avant de devenir la cible qu’on dégomme.
Il y va de notre âme en danger d’infini.
Pages grises
La page blanche de l’horreur
C’est quand l’horreur ne peut s’écrire
Tant il vaut mieux taire le pire,
Ne point tomber en déshonneur.
La page noire du bonheur
C’est quand des mots l’on passe au rire
Dissimulant que l’on transpire
D’avoir compris sa grave erreur.
Ensuite il reste la faconde
Regrets noyés en eau profonde
Et pleurs amers dans trop de vin.
Mais il faut croire à la fontaine :
De là toujours le salut vint
Pour remonter un jour en scène !
Vent d'esprit
Les hommes ne voient pas le vent qui se déchaîne
Comme ils n’ont pas su voir le jour et ses beautés
Ni lire dans les nuits leurs songes ballotés…
Ils seront soulevés dans le grand ciel de traîne.
Des méandres surgissent des éclairs en chaîne,
Les arbres plient, soumis, leurs bras emmaillotés.
Maintes ailes s’enfuient. L’on entend des motets
Dans les nues en écho de paroles de haine.
Mais rien ne vient troubler d’effrayantes chimères
Point de paix à l’envi des filles aux grand-mères,
Et les fils et les pères oublient leurs aïeux,
Ceux qui pour nous transmettre le meilleur d’eux-mêmes
Avaient souffert et dit que le « bon Dieu » nous aime :
Dans le vent son Esprit nous emporte vers eux.
Le vrai
Creuse et plante mon fils pour que pousse l’espoir
Au fil de ces printemps qui grandiront ta vie !
Tu verras des jaloux. Méprise toute envie
Garde au fond de ton cœur la richesse du soir…
Arrose ta culture, use des entonnoirs
Pour capter l’eau céleste en ton jardin servie :
Tu comprendras la joie d’une soif assouvie
Et deviendras si tôt le maître du terroir.
Quand tes arbres auront gagné tant de ramure
Qu’ils t’offriront les fruits d’une récolte mûre
Ou la douce fraîcheur d’un feuillage estival
Alors tu percevras des chants et des paroles
Les yeux clos tu verras descendre jusqu’au val
Des vérités parées de saintes auréoles.