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                  A la Source de la Seine
 


La pluie alanguissait la source de la Seine,
Mince filet d’argent perdue en son écrin
De verdure et de joncs, en une mise en scène
Où le vent, grand acteur, était gourd et chagrin.
 
Comment imaginer, en voyant cette vrille,
Le fleuve, déjà large, en pays champenois ?
Peut-on croire, à Paris, qu’elle soit eau qui brille,
Traversant la Cité, partout, en tapinois ?
 
Le lieu de sa naissance eut faveur de la foule
Car l’avait souhaité l’Empereur, « le Petit »,
Napoléon troisième…  A présent, seul déboule
En ce lieu le passant, mais… sans grand appétit !
 
Car l’endroit est perdu, n’est guère visitable !
Nul n’y peut faire halte ou même rêvasser…
Pour se poser un peu, l’on n’y trouve pas table !
L’anxieux promeneur craindra le pied cassé !…
 
Il en est bien souvent ainsi pour gens et choses !
L’homme qui les défend s’efface et disparaît…
Arrive alors l’oubli…  Même les grandes causes
Voient sur elles s’abattre un tranchant couperet.
 
Le seul vrai protecteur est le désir de vaincre…
Pour gagner tout combat, on doit se dépasser !
De notre réussite, il nous faut nous convaincre…
Le foi, la volonté peuvent tout exhausser !
                
                        Mystère  
 

J’aime les bois furtifs et la forêt profonde,
Où bruit l’eau sauvage, en murmures d’oiseaux.
Seul l’air du temps qui fuit agite les roseaux
Imposant ses remous sur la vie et sur l’onde…
 
Immuable est la loi, depuis l’aube du monde :
Toute « Belle » s’endort, piquée à son fuseau !
La femme ne renaît que lorsqu’un damoiseau
Lui révèle l’Amour, chassant la bête immonde.
 
Mystère des taillis, des herbes, des galets
Allumant dans les cœurs ces mille feux-follets
Qui font danser notre âme et la quittent, sereine…
 
Le paradis, sans doute, est semblable à ce lieu
Où la source s’écoule et lance, souveraine,
Ses gerbes de lumière à la face de Dieu.
 
                           Pensées et Reflexion
 

Avec des mots de paille, une vision brève,
L’homme veut définir ce Grand Tout nommé « Dieu ».
Dès lors, il pense, il cherche…  Une quête sans trêve
Pour éclairer la mort et nier tout adieu.
 
Il voit l’Eternité comme la longue route
Conduisant les Elus vers un doux paradis…
Pour éviter le mal et le mettre en déroute
Les prêtres, en cohorte, ont levé les non-dits.
 
Du moins est-ce le dogme établi par l’Eglise,
Le leurre propagé par tous les « bien-pensants » !
Que, dans un doute aigu, la vérité s’enlise
Ne leur importe guère !  Ils sont les tout-puissants !
 
Quel que soit leur habit  - kamis, saris, blanche aube –
Ils croient, de leur grand Maître, être l’humain portrait !
Tel le soleil, à l’Est, qui s’accapare l’aube,
Ils veulent, du Divin, représenter l’attrait.
 
Ils ont le droit de tout, puisqu’ils sont les apôtres !
Leur parole est bénie et leur avis, sacré.
Tous leurs agissements doivent guider les nôtres
Et leur penser subtil dans nos cœurs être ancré !…
 
Lors, ils palpent les seins de la très jeune-fille…
Ils effleurent, du gars, les intimes bourgeons…
Vicieux et pervers, du front à la cheville,
Ils prennent les croyants pour de pauvres pigeons !
 
Bien sûr, il est encor des âmes saintes, belles,
Qui gardent les valeurs guidant vers l’Absolu.
Si certains, il est vrai, prient pour leurs chapelles,
Pour d’autres, l’égoïsme est un temps révolu !
 
Ceux-là marchent vers Dieu, mais demeurent des hommes…
La compréhension prend vie en leur cerveau, 
Par ce qu’il appréhende…  Ils sont opisthodomes
Protégeant le concept d’un avenir nouveau !
 
Dans tout regard pensif, l’image se dérobe
Car l’œil ne perçoit pas cet infiniment grand !…
Le microscope, seul, découvre le microbe…
Face à l’immensité, rien ne paraît flagrant !
 
Ne confondez donc plus l’homme et Dieu !  L’un est glaise
Que l’autre, avec bonheur, modèle à sa façon !
Croire, c’est avancer, au bord de la falaise,
Sans craindre le danger, sans le moindre frisson.
 
N’essayez plus de dire ou d’appréhender l’Être
Qui vous dépasse tant que plus rien n’apparaît !
Mourir n’est, à la fin, qu’une façon de naître.
Quelquefois, un seul arbre efface la forêt !
 
« L’Esprit », qui donc est-il ?  Qu’importe la supplique !
L’essentiel est bien la foi qui nous conduit !
Laisser parler son cœur… lui donner la réplique,
Pour exprimer les mots que la croyance induit.
 
Comme un paisible enfant, dans les bras de sa mère,
S’abandonner, sans peur, dans ce néant profond…
Comprendre alors combien toute vie est chimère
Puisque l’âme, à l’Amour, se donne et se confond !
 
                         Au Sonnet
 

Sonnet, combien de fois, voulant te ciseler,
Ai-je commis d’impairs, agressifs à l’oreille ?
C’était un hiatus, qui le vers dépareille
Ou l’écho patelin, venu me harceler…
 
Le mot déjà transcrit semblait m’ensorceler
Et je le répétais, fier des fruits de ma treille !…
Tombait la rime en « D », à celle en « A » pareille,
Sans que je vis la faute et puisse la celer.
 
« Singuliers », « pluriels » se répondaient l’un l’autre…
Du classique Boileau, j’étais mauvais apôtre.
Longtemps j’ai dû chercher pour trouver mes Amours…
 
Puis, bannissant du mètre humeur et fantaisie,
J’ai compris, me pliant aux règles de toujours,
Qu’au sein de la rigueur chante la Poésie !
 
Sauvages, soufflées par le vent et si sages,
Ruinées par la vie, nous apportons le beau temps,
Désolées de nous nourrir de l’air du temps.
Poète
Véronique FLABAT-PIOT
ée et résidant en Belgique, « entre en Poésie » au début des années 1990.
Vice-Présidente et responsable des prix de la SPAF de 2007 à 2014, elle rejoint en 2015 le Comité de la Société des Poètes Français, où elle assure les mêmes fonctions. 
 
Fondatrice (1998) de l’association « La Plume Vagabonde » (animations poétiques dans les écoles, salon littéraire, sorties culturelles), elle anime aussi une émission de radio consacrée à la poésie et la chanson française sur les ondes de Radio Salamandre (Belgique). 
 
En 2011, elle a été promue, par le Ministre de la Culture et de la Communication de la République Française, au titre de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres. 
 
Elle écrit tant en classique qu’en néoclassique ou en poésie libérée.
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