La poésie comme dans les roses
La poésie de même que la rose ne meurent pas. Leur présence demeure par le parfum impérissable qui est à la jonction du corps et de l’âme. C’est par son parfum que la rose accède à l’infini de son être, c’est par lui qu’elle existe et entre dans l’invisible. Par son aspiration verticale vers l’infini, la poésie s’élève vers son essence même.
La rose comme la poésie poussent à partir de l’obscurité du sol. Elles puisent leur force dans les profondeurs obscures de la terre ou des scènes noires et douloureuses vécues dans le passé. Elles tendent vers la réalisation du désir de l’éclat d’être, qu’elles signent de leur propre existence.
C’est dans la beauté qu’elles puisent sens et jouissance de l’être. Leur beauté ne se limite pas à l’apparence de leur être mais à l’élan vital régi par le principe de vie.
Toutes deux ont une beauté virtuelle.
C’est un désir qui jaillit de l’intérieur, comme une fontaine inépuisable qui sourd en permanence des profondeurs de l’être. Elles sont des forces d’existence, d’élan, de désir et d’intention. La poésie est l’élan du cœur, l’état supérieur de l’esprit, la dimension suprême de l’âme.
La beauté d’une rose réside en son essence invisible, en son parfum qui monte au paradis, le pied dans les ténèbres. Elles sont des entités miraculeuses d’harmonie, de cohérence et d’émotion. En effet quelle que soit la forme d’une rose ou d’une poésie, leur beauté réside en l’émotion qu’elles suscitent en nous :
Sans émotion, on reste de marbre.
Elles n’ont pas le souci d’elles-mêmes ni le désir de plaire. Elles sont des pièces de collection rares et uniques. Une ligne de force réside en elles et se cristallise en poème ou bouton de rose qui va éclore. Par hasard la rose va prendre une couleur, un parfum, la poésie une forme, une empreinte musicale uniques.
Rien ne pourra les empêcher de s’accomplir. Elles se nourrissent du terreau du sol, de la vie, du vent léger, de la rosée perlée et de la lumière du soleil. Dans la recherche de leur plénitude, par un geste d’offrande, elles s’offrent fragiles dans un instant d’éternité. Elles entrent alors dans un chant éphémère et inépuisable où la poésie nous fait partager sa musique éternelle, la rose sa part d’âme embaumée d’un arôme éthéré.
Alors même que les pétales de la rose seront flétris et tomberont au sol dans son propre humus, la poésie renaîtra de l’invisible au visible et finira dans une corbeille, leur parfum éternel planera dans nos mémoires. La rose deviendra une autre rose, la poésie une autre poésie, dans le mouvement d’une transformation universelle et infinie. La rose comme la poésie sont des instants d’éternité…
La beauté d’un poème vient d’une lumière intérieure qui s’élance de la profondeur de l’être et rencontre la beauté de la terre. La poésie est le paysage de l’âme, fait de nostalgies, de rêves, de frayeurs et d’aspiration vers une beauté incarnée. Elle est la transfiguration par la grâce de la rencontre d’une lumière intérieure avec la lumière extérieure qui nous éclaire depuis toujours.
Nicole Dubromer
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