Que nos amis scientifiques soient aussi les bienvenus au sein de notre Ronde ! Ils ont souvent, plus qu’on ne le pense, une intuition particulière pour s’orienter vers les domaines inconnus, et à ce titre, leur esprit rejoint celui des poètes autant que des philosophes dans une recherche de cause avec un sens approprié de la précision. A la différence que leurs travaux ont besoin de budgets, et nous devons nous accorder à dire clairement que l’on a besoin qu’ils continuent d’avancer dans leurs découvertes, notamment dans les secteurs essentiels à la survie de l’Homme et de l’environnement !
Nous avons tous besoin les uns des autres et la science ne nous fait aucunement perdre notre humanité, comme on l’entend dire parfois. Si l’on analyse de plus près la situation catastrophique dans laquelle nous plongeraient d’ombrageuses pensées, qui empêcheraient, par exemple, une mise à jour de nos remèdes face à l’évolution de nombre de virus en perpétuelle mutation, l’on s’aperçoit que les machines ayant acquis leur vitesse maximale de fabrication, les détenteurs de parts des sociétés de production auraient beau jeu de ne plus réinvestir leurs bénéfices dans de nouvelles recherches coûteuses, surtout en une période où la copie industrielle fait du tort à ceux qui s’efforcent d’améliorer et adapter leurs produits dans toutes les catégories !
Lorsque nous déplorons parfois les méfaits de certaines avancées technologiques, nous devrions réfléchir au fait que la science n’en est pas responsable mais plutôt il y aurait lieu de dénoncer la rapidité avec laquelle, sans un recul nécessaire pour en mesurer les effets négatifs, nous avons été pris de vitesse par l’envie des investisseurs d’exploiter de clinquantes innovations, ce qui a modifié notre environnement et le comportement des individus.
Or, une science bien maitrisée, c’est-à-dire encadrée par un comité de sages reconnus au plan mondial (y compris des scientifiques éminents, qui puissent éclairer par leurs connaissances les autres membres choisis pour leur sens de l’éthique et leur humanisme), ne pourrait aller que dans la bonne direction, à savoir celle qui nous a permis jusqu’ici de vaincre ou juguler nombre de maladies parmi les plus redoutées de l’histoire, de sécuriser et développer les transports, d’apporter des moyens de prévention et de secours adaptés face aux cataclysmes et fléaux en tous genres, de favoriser l’échange entre les cultures pour que les hommes arrivent à s’entendre et se comprendre en faveur de la paix, etc…
La connaissance, en soi, ne devrait pas faire peur puisqu’elle permet de comprendre les phénomènes et fournit les moyens d’agir en réduisant les risques d’erreur ; au niveau individuel, de mieux cerner vers quelle fonction chacun pourrait se diriger suivant ses aptitudes, ses goûts et son degré de courage, avant de se lancer dans un travail qui donnerait un sens à sa vie.
Nous disons donc, par ce court article en gage d’amitié – et parce que les poètes ont aussi le devoir d’apporter leur point de vue sur la société –, un grand merci à tous les scientifiques et techniciens inventeurs, dans l’ombre ou sous les projecteurs de la gloire. Nul doute que ceux-ci ont bien conscience que « La Vérité » relève quant à elle d’un domaine qui demeurera toujours mystérieux. Rien ne les empêchera de rejoindre les poètes, artistes et penseurs, qui, par leurs œuvres de création, fournissent un éclairage nécessaire pour tenter de nous libérer de notre modeste condition et nous entraînent à les suivre dans un élan vital.

Jean-Charles Dorge