Henri Heinemann

Poète

Les poètes sont des hommes et des femmes qui savent exprimer et partager leurs sentiments profonds sur le monde qui les entourent. Pas seulement !

Ils osent aussi dénoncer les injustices et condamner ouvertement les crimes.

Mais encore !
Ils agissent quand ils le peuvent, par tous les moyens et de toute la force dont ils sont capables.
Notre Ronde voudrait communiquer l’élan qui l’habite, en montrant les exemples d’hommes et de femmes courageux qui ont accepté de se joindre à son cercle en mouvement et dont la biographie parle d’elle-même…
Henri HEINEMANN fait partie de ceux-là.

De par ses engagements tout au long de sa vie, depuis les plus périlleux en pleine période de guerre, en passant par toutes ses actions en faveur de la jeunesse et à la direction de sa ville de Cayeux sur Mer et jusqu’aux extrêmes limites de ses forces actuelles pour encore montrer la Voie, il est de ces êtres que l’on pourrait qualifier de « Juste » parmi les Justes parce qu’ils ne renoncent pas, et qui savent entraîner leurs semblables sur le chemin de la dignité et de la grandeur.

Certes, Henri HEINEMANN a écrit de la Poésie. Mais pas seulement, Il restera à jamais un poète vrai car de tous les combats ! - (Jean-Charles DORGE)
Né en 1927, d’ascendance belge et alsacienne, l’auteur est héritier d'une longue lignée d'enseignants et de musiciens. Il a fait ses études secondaires au Lycée Chaptal durant la seconde guerre mondiale. Il s’est inscrit à la faculté des Lettres de Paris avant de devenir instituteur en sortant 1er de l'Ecole Normale d'Auteuil (Paris). Après quoi il devint professeur de français en banlieue parisienne.

Engagé très tôt dans les Mouvements de jeunesse pendant la guerre, il participe, sous la tutelle du pasteur Jean Jousselin, au sauvetage d'enfants juifs réfugiés dans l’Oise, à des actions de Défense passive (Médaille commémorative 1939-1945) et enfin aux combats de Libération de Paris (Médaille n°203049 attribuée par la commission Militaire du Conseil National de la Résistance, COMAC). Seul son jeune âge l’empêche de s’engager pour la fin de la guerre.
Parallèlement à son métier d'enseignant, Henri Heinemann a consacré beaucoup de temps à l'éducation populaire, d’abord en s’engageant localement aux Éclaireurs Unionistes où, au sein du comité, il côtoie Michel Rocard. Ensuite à la Fédération Française des M.J.C., sous la houlette de l’ancien Ministre d'André Philip et du futur Ministre Jean Laurain.
Dans les années soixante, il se consacre aux relations internationales et devient Président du Comité de Coordination des Associations d’Échanges internationaux ; c’est alors qu’il travaille avec Philippe Vianney et dans le sillage du Préfet Paul Delouvrier, par exemple à l’édification du Foyer d’Accueil International de Paris (F.I.A.P.).

Il voyage beaucoup sur trois continents, rencontre de hauts fonctionnaires et Ministres étrangers, participe au Congrès des communes d’Europe.
A partir de 1970, commence, dit-il, sa « modeste » carrière littéraire. Il constitue avec des amis tels Bernard Pingaud, François-Régis Bastide, Georges Conchon (Prix Goncourt), Suzanne Prou (Prix Renaudot), Pierre Uri, Evelyne Sullerot, Erik Orsenna, une équipe de travail qui, entre autres, préparera la loi sur le prix unique du Livre, que fera adopter Jack Lang en 1981.
Maire de Cayeux-sur-mer (80) de 1977 à 1983, candidat au Élections européennes en 1979, il devra ensuite prendre du recul à la suite d’ennuis de santé. Sur un plan différent, il continue de se consacrer à la vie culturelle, soit en appartenant au comité de gestion d’un centre d’adolescents, soit en tant que Président d’une société régionale d’Histoire.

Puis, c'est à la vie littéraire qu'il consacre le plus clair de son temps. Secrétaire Général de "l'Association des Amis d'André Gide", membre de "l'Association Internationale des Critiques Littéraires", il signe des articles au Courrier Picard et dans des revues de Poésie (L’Agora, le Cerf-Volant… ). Il est actuellement Président d'Honneur de la "Société d'Archéologie et d'Histoire de Saint-Valery, du Ponthieu et du Vimeu".

Il a publié une vingtaine d'ouvrages : poésies, nouvelles, romans. Certains de ses livres ont été récompensés par la Société des Gens de Lettres (Un Jardin de plein Vent), la Société des Poètes Français (L'Heure Obsidienne), l'Académie des Provinces Françaises, que présidèrent Maurice Genevoix et Paul Guth (Les Années Batignolles) et qui l’a accueilli en son sein, le Conseil Régional de Picardie (Scène de la Vie de Benoît), cependant qu'il recevait le Prix Paul Fort des mains de Mme Claude Santelli pour L'Année du Crabe. Il a reçu en outre en 1999 le prix de la Fondation Européenne (O.N.G.)

Au mois de mars 2008 paraissent, aux Editions Orizons, les deux premiers tomes de son Journal Intime "L'Eternité Pliée" (titre générique dû à Jean Cocteau : "le temps, c'est de l'éternité pliée"). Le troisième tome est édité fin 2010.

Henri Heinemann est Chevalier des Arts et Lettres (1982), Combattant Volontaire 1939-1945, Officier des Palmes Académiques (1983) Chevalier de l'Ordre National du Mérite (1992) et Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur (2013).

La mouche

Ce poème n’est pas de moi
Il est
de la mouche qui m’a piqué
un jour où se posèrent là
trois jeunes mots en tralala
Le hasard les eut tôt cueillis
il s’établit entre eux un ordre
ou un désordre et tout fut dit
La musique donna le la
au mépris de l’inspiration
le reste n’ayant plus qu’à suivre
Ce poème n’est pas de moi
Depuis que les mouches s’en mêlent
et qu’elles tirent les ficelles
les poètes n’ont plus la loi Ce poème n’est pas de moi

Continûment la sève

Continûment la sève
bat aux artères du jardin
elle mouline ses vertus
La vie-tambour ainsi
cogne à la tempe des amants
Continûment la sève
porteuse de son pain
tire de l’ombre à la lumière
l’orgasme de ses verdoyances
Même en sa pause hiémale et léthargique
le tombeau du solstice
n’est après tout que lente manière
Continûment la sève
bat et rebat la bonne humeur de l’an
La mort aura beau faire
sa litière d’humus
elle engrange farine et sel
élaborant les cènes ultérieures
Continûment continûment
sanguine / séminale
la sève
bat.