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Poèsie

Introduction

Poèmes choisis

Jean-Charles Dorge Nadine Najman Lucette Moreau Michel Benard Henri Henemann Jacques-Fr. Dussottier Philippe Courtel Christian Malaplate Jean-Loup Seban Gérard Le Roux Véronique Flabat-Piot Joel Conte-Taillasson Stephen Blanchard
POESIE
  • Jean-Charles Dorge
  • Nadine Najman
  • Lucette Moreau
  • Michel Benard
  • Henri Heinemann
  • Nicole Dubromer
  • Jacques-François Dussottier
  • Philippe Courtel
  • Christian Malaplate
  • Jean-Loup Seban
  • Gérard Le Roux
  • Veronique Flabat-Piot
  • Joel Conte
  • Stephen Blanchard

Poèmes Choisis

Le vase brisé

 

Le vase où meurt cette verveine

D'un coup d'éventail fut fêlé ;

Le coup dut effleurer à peine :

Aucun bruit ne l'a révélé.

 

Mais la légère meurtrissure,

Mordant le cristal chaque jour,

D'une marche invisible et sûre

En a fait lentement le tour.

 

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,

Le suc des fleurs s'est épuisé ;

Personne encore ne s'en doute ;

N'y touchez pas, il est brisé.

 

Souvent aussi la main qu'on aime,

Effleurant le coeur, le meurtrit ;

Puis le coeur se fend de lui-même,

La fleur de son amour périt ;

 

Toujours intact aux yeux du monde,

Il sent croître et pleurer tout bas

Sa blessure fine et profonde ;

Il est brisé, n'y touchez pas.

 

 

 

René-François SULLY PRUDHOMME

(1839-1907)

Suivant Petrarque

 

Vous sortiez de l'église et, d'un geste pieux, 

Vos nobles mains faisaient l'aumône au populaire, 

Et sous le porche obscur votre beauté si claire 

Aux pauvres éblouis montrait tout l'or des cieux.

 

Et je vous saluai d'un salut gracieux, 

Très humble, comme il sied à qui ne veut déplaire, 

Quand, tirant votre mante et d'un air de colère 

Vous détournant de moi, vous couvrîtes vos yeux.

 

Mais Amour qui commande au coeur le plus rebelle 

Ne voulut pas souffrir que, moins tendre que belle, 

La source de pitié me refusât merci ;

 

Et vous fûtes si lente à ramener le voile, 

Que vos cils ombrageux palpitèrent ainsi 

Qu'un noir feuillage où filtre un long rayon d'étoile.

 

 

 

José-Marie DE HEREDIA

(1842-1905)

L'amour en fraude

 

J'ai vu passer, l'autre matin,

Un jeune Dieu dans la prairie ;

Sous un costume de féerie

Il sautillait comme un lutin.

 

Tout perlé d'or et d'émeraude,

Sans arc, sans flèche et sans carquois,

En chantonnant des vers narquois,

Il s'en allait comme en maraude.

 

Il redonnait, à chaque bond,

L'onde aux ruisseaux, des fleurs aux rives,

Des alouettes et des grives

Au saule creux et moribond.

 

Le fol Archer buveur de larmes,

Pour une fois pris en défaut,

À travers champs riait tout haut

De n'être plus qu'un fou sans armes !

 

Et singeant l'air d'un franc routier,

Fier de trahir son roi morose,

Il arborait un drapeau rose

Pour délivrer le monde entier !

 

 

 

Léon DIERX

 (1838-1912)

Marine

 

L'océan sonore

Palpite sous l’oeil

De la lune en deuil

Et palpite encore,

 

Tandis qu’un éclair

Brutal et sinistre

Fend le ciel de bistre

D’un long zigzag clair,

 

Et que chaque lame,

En bonds convulsifs,

Le long des récifs

Va, vient, luit et clame,

 

Et qu’au firmament,

Où l’ouragan erre,

Rugit le tonnerre

Formidablement.

 

 

 

Paul VERLAINE

 (1844-1896, Poèmes saturniens)

Moisson d'amour

 

Les épis dans le vent bercent leur tête blonde

En vagues ondulant sous le soleil couchant

Et la brise d’été, d’un souffle nonchalant,

Met des frissons d’amour dans la moisson féconde.

 

Dans la plaine demain, commencera la ronde

Et l’infernal fracas des moteurs vrombissants,

Les blés mûrs, moissonnés par les monstres béants

Iront semer la Paix aux quatre coins du monde.

 

Oh ! Mes chers épis blonds endormis dans la plaine

Pour votre dernier soir, peut-être que la haine

S’éteindrait à jamais par votre Pain Divin ?

 

Tant d’hommes s’entretuent, aux confins de l’Asie

Et meurent tant d’enfants au Pays de la faim

Pour n’avoir pas reçu l’amour d’un pain de Vie.

 

 

 

Lucette MOREAU

  « Chansons roses et Chansons grises »

Ed. Le Roseau, 2013

Mais surtout n’échapper jamais aux

voyages-échappatoires, être

perpétuellement le chasseur-Orion

d’une cinquième dimension.

 

Mais surtout donner à son enclos

des ailes, à sa prison des anachronismes,

et des fuites perpétuelles.

 

Mais surtout retrouver l’envers

du fil d’Ariane, remonter vers le

Minotaure, être le Minotaure,

l’homme-Dieu du Labyrinthe,

et lui voler les yeux.

 

Mais surtout, nier, toujours nier

ce qui est indéniable, croire

au miracle et marcher sur les eaux.

 

 

Henri HEINEMANN

(Poème extrait de « Chants d’Opale »,

Ed. Orizons, 2013).

Pain d'angoisse

 

Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.

Pascal

Terrifié par les hurlements

De douleur et de volupté

Des galaxies qui se dévorent en copulant

Dans les coins d’ombre de l’éternité

Comme le font les sentiments

Dans les bas-fonds de la pensée

Appelle angoisse ou pain

Sinon parole

Cette matière sans matière

Que le poème en toi pétrit

Ayant ou non fait une croix dessus

N’en mange que tout juste

Ce qu’il te faut pour en mourir

Ne la retourne pas sur la table des mots

Cela porte malheur

Ne la piétine pas dans le ruisseau du sang

D’autres en manquent.

 

 

Jean ROUSSELOT

(Poème extrait de « Pour ne pas oublier d’être »,

 Belfond, 1990).

Egalité, Fraternité

 

Zig et zig et zag, la mort en cadence

Frappant une tombe avec son talon,

La mort à minuit joue un air de danse,

Zig et zig et zag, sur son violon.

 

Le vent d'hiver souffle, et la nuit est sombre,

Des gémissements sortent des tilleuls ;

Les squelettes blancs vont à travers l'ombre

Courant et sautant sous leurs grands linceuls,

 

Zig et zig et zag, chacun se trémousse,

On entend claquer les os des danseurs,

Un couple lascif s'assoit sur la mousse

Comme pour goûter d'anciennes douceurs.

 

Zig et zig et zag, la mort continue

De racler sans fin son aigre instrument.

Un voile est tombé ! La danseuse est nue !

Son danseur la serre amoureusement.

 

La dame est, dit-on, marquise ou baronne.

Et le vert galant un pauvre charron – Horreur !

Et voilà qu'elle s'abandonne

Comme si le rustre était un baron !

 

Zig et zig et zig, quelle sarabande!

Quels cercles de morts se donnant la main !

Zig et zig et zag, on voit dans la bande

Le roi gambader auprès du vilain!

 

Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde,

On se pousse, on fuit, le coq a chanté

Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !

Et vive la mort et l'égalité !

 

 

 

Henri Cazalis (alias Jean Lahor)

Poème tiré des Heures Sombres, 

4ème partie de son recueil L'Illusion (1875)

Une allée du Luxembourg

 

Elle a passé, la jeune fille

Vive et preste comme un oiseau

À la main une fleur qui brille,

À la bouche un refrain nouveau.

 

C'est peut-être la seule au monde

Dont le cœur au mien répondrait,

Qui venant dans ma nuit profonde

D'un seul regard l'éclaircirait !

 

Mais non, - ma jeunesse est finie ... 

Adieu, doux rayon qui m'as lui, -

Parfum, jeune fille, harmonie...

Le bonheur passait, - il a fui !

 

 

 

Gérard de NERVAL

(1808-1855)

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La Ronde Poétique - 14 rue de Verdun - F-92500 Rueil-Malmaison 

larondepoetique@gmail.com

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