Le symbolisme en poésie
Avant de se livrer à une quelconque analyse du phénomène symboliste, il convient de bien préciser le contenu que l'on entend donner à ce mot. Rien de commun, en effet entre l'idéal symboliste et les valeurs sur lesquelles il se fonde et ce qui a porté pendant un temps le nom, un peu abusivement d'Ecole symboliste."
L'Idéal Symboliste apparaît autour de 1880, aussitôt après ce qu'il a été convenu d’appeler "la banqueroute du naturalisme."
Le réalisme et le positivisme de Zola ou des scientistes sombraient peu à peu dans la grossièreté et l'absence de toute valeur artistique. La dureté, le vide moral et spirituel du rationalisme ne correspondaient plus aux aspirations d'une société qui avait passionnément cru que le progrès de la science et de la raison était susceptible de combler leur attente du bonheur absolu. Or la science et le rationalisme-ce n'était d'ailleurs pas leur rôle- se sont révélés impuissants à remédier aux maux qu'ils savaient si bien mettre en évidence et n'apportèrent aucune réponse aux angoisses métaphysiques qui continuaient à assaillir le monde.
Par peur de paraître sensibles, les naturalistes qui s'interdisaient toute émotion ou toute sympathie, se sont souvent montrés cruels et désincarnés. Les idées et les sentiments, qu'ils avaient voulu ramener à de simples phénomènes physiologiques de nutrition ou de circulation reprennent leurs droits. Beaucoup, parmi les jeunes disciples refusent de se fermer à la compassion qu'ils ressentent pour les souffrances humaines si nombreuses qui les entou¬rent et reposent à nouveau l'énigme, jamais résolue de la destinée humaine. Ils ont nom, en particulier Barrès avec son "culte du moi" ou Paul Bourget, qui dans le "Disciple", publié en 1880 pose à nouveau le problème de la responsabilité du penseur.
Le goût de la religion se réveilla, avec un regain de ferveur particulièrement mystique-ce n'est pas par hasard si Bernadette Soubirous qui vient de mourir en 1879 ou Thérèse de Lisieux, entrée au Carmel en 1888, suscitent
un tel élan de piété et de ferveur mystique.
La sympathie réapparaît dans les œuvres artistiques, leur redonnant par là-même l'âme et la poésie qui depuis 1850 en avaient disparu.
On retrouve en même temps le sens du mystère et des demi-teintes (fortement encouragé par une nouvelle peinture) où les contours devenus flous se perdent dans un halo de lumière et qui a nom "impressionnisme."
Ce goût du mystère et de la sympathie va être fortement encouragé par une abondante littérature étrangère de très grande qualité, qui se déverse à nos frontières et vient par marées successives battre les remparts glacés du naturalisme. C'est en Angleterre, la romancière George Eliot, ou le poète romancier et explorateur Rudyard Kipling. C'est aussi la jeune et ardente littérature italienne d'un Silvio Pellico, mort en prison, ou d'un d'Annunzio. Mais c'est surtout, et cela pour la première fois, un raz de marée littéraire venu des pays slaves, de Russie, avec Tolstoï et Dostoïevski notamment, qui réhabilitent le goût pour une vie simple aux normes évangéliques, de Lithuanie avec Lubicz Milosz, de 'autrichien Rainer Maria Rilke, des scandinaves, du norvégien Ibsen, de la suédoise Selma Lagerlaff,..Tous apportèrent, même s'ils étaient encore fidèles aux principes naturalistes, une telle individualité, tant de finesse et de richesse psychologique dans la diversité de leurs mentalités et de leurs préoccupa¬tions humanitaires qu'ils soufflèrent sur la France positi¬viste un vent d'humanisme et de charité évangélique auquel il ne résista pas.
Sous leur influence ou à leur contact, les plus connus de nos Parnassiens commencent à évoluer. Leur poésie en particulier se fait plus fluide et plus musicale, fuyant la rigueur brillante et intellectuelle de l'éthique parnassienne. Elle recherche avant tout la musicalité du vers, la puissance incantatoire des sonorités et des alliances, toutes les formes -y compris les plus hypnotiques, propres à communiquer les incommunicables méandres du subconscient.
C’est l'époque où Verlaine publie son "art poétique" -"de la musique avant toute chose"-, où Baudelaire parle des "correspondances ", où le jeune Rimbaud se veut "voyant." Il ne faut pas oublier que tous trois avaient fait leurs premières armes sous les couleurs du Parnasse
Avant de redevenir un pur classique, Jean Moréas(Papadiamantopculos) donne au Figaro en 1886 un "Manifeste du Symbolisme" De nombreuses revues littéraires décadistes voient le jour : (Le symboliste créé par Gustave Kahn en 1886, la Plume en 1889, 1e Mercure de France en 1890, 1a revue Blanche en 1891.) René Ghil publie en 1886 également un traité du Verbe, qui expose toute une théorie des correspondances déjà établies par Baudelaire et Rimbaud. La même année voit la parution d'un traité de prosodie de Mallarmé, intitulé "avant-dire", où il affirme la primauté des affinités ésotériques, accessibles aux seuls initiés.
Sous leur impulsion la forme du vers évolue considérablement. L'alexandrin s'assouplit en césures multiples et mobiles; le vers impair, recommandé par Verlaine triomphe (5,7 ou neuf pieds). Jules Laforgue et Gustave Kahn inaugurent le vers libre ou le vers libéré, rapidement imités par Stuart Merrill et Vielé-Griffin. On utilise aussi, assez couramment, le verset ou le vers de plus de douze pieds en imitation du Coran ou les psaumes. (Francis Jammes ou Paul Claudel);
La rime s'affaiblit et devient souvent simple assonance. Souvent aussi, apparait le poème en prose, ou seule à intervalles où moins réguliers, apparaît une réminiscence sonore.
Sous ces formes apparemment relâchées et plus ou moins libérées se cachent des sentiments profonds, émotion, voire souffrance, pudiquement dissimulées sous la loufoquerie ou le calembour. Un spécialiste du genre est Jules Laforgue (1860-1887) orphelin, dont la triste et courte vie ne fut qu'une quête inassouvie de tendresse et de bonheur. Malade et pauvre, il ne connaîtra que la tendresse de sa sœur, avant d'entrer comme lecteur à la Cour impériale de Berlin, et meurt de tuberculose à 27 ans. Il cache sous un humour caustique et grinçant, une soif d'affection souvent mal dissimulée.
S‘opposant à l’idéal esthétique des classiques qui magnifiait avant tout la pérennité et l’universalité des pensées et des lieux, les symbolistes s’attachèrent à rendre au mieux la fugacité de l’instant, ou des impressions. Les nuances les plus fugitives étaient pour eux les plus représentatives des lois secrètes de la nature ou des êtres.
Quant à la nature elle ne présente à leurs yeux d'intérêt que parce qu'elle est l'image fluctuante et voilée de réalités éternelles : la vie, la mort, la souffrance,...
On distingue deux conceptions assez différentes, deux orientations distinctes dans la démarche symboliste pour Verlaine et ceux qui l'ont suivi ou imité, la perception de la nature et des choses est l'expression même de notre individualité. L'œil du peintre, la plume du poète, l'archet du musicien sont des kaléidoscopes déformants, des prismes au travers desquels la perception passe et la vision rendue a nécessairement pris les couleurs de nos émotions intimes. Si bien que l'artiste peut, sans jouer les exhibitionnistes, livrer l'intimité de son moi, par le simple fourmillement des symboles que lui fournit inépuisablement la nature. Nul besoin de se confier, de livrer son cœur au ton de son poème, les nuances de sa toile le feront pour lui. Pour Mallarmé et les siens, la démarche est presque en sens inverse : fortement inspirés par la musique wagnérienne, essentiellement celle des opéras, autour du leitmotiv principal une pléiade de thèmes et d’images secondaires en apparence étrangers, dont le but est de révéler de subtiles et mystérieuses correspondances et de recréer autour de l'idée une atmosphère.
On retrouve un peu le même schisme à propos des formes. Baudelaire ou Verlaine étaient de longue date trop bien rompus à la discipline de la versification régulière pour s'en affranchir totalement. Seuls désormais les impératifs de l'expression et de la musicalité seront lois. On peut garder l'alexandrin, la rime, les formes fixes, à condition qu'elles soient moyen d'expression et non entrave à la pleine interprétation de l'idée. D'autres, à la suite de Jules Laforgue surtout, verront dans le vers libre ou la prose rimée ou assonancée, le seul interprète possible à la fluidité de leurs émotions. Cela comportait des dangers auxquels le symbolisme et les poètes futurs ne purent échapper.
Les thèmes habituellement traités ont une profonde résonnance psychologique et philosophique, généralement assez pessimiste. On y retrouve, à travers la nature et les choses qui entourent le poète, la mélancolie de la solitude et de l'incompréhension, l'inanité de la vie et l'absurdité de sa fin, la brièveté ou le mensonge des jours heureux.
Selon Huysmans; le poète symboliste est un romantique vieilli qui a perdu sa ferveur..." Mal de vivre, sentiment d'être des "poètes maudits" Renonciation à la lutte et à l'effort, sont leur démarche la plus habituelle. À la lutte et à l'effort, sont leur démarche la plus habituelle. L’Ecole symboliste fut dans un premier temps intitulée "Le Décadisme".
On avait déjà eu une approche du phénomène avec Gérard de Nerval, qui, héritier direct du romantisme en pleine période naturaliste, cherchait l'inspiration dans l'hypnose, le délire ésotérique et même la narcose illuminative, confondant le rêve et la vie et cherchant dans l'état second la véritable inspiration poétique, puis avec Baudelaire. Une autre voie s'ouvrait donc à l'expression poétique, en dehors de toute rationalité. En 1869 paraît une œuvre fulgurante et exaltée, intitulée "Chants de Maldoror " d'Isidore Ducasse, qui signe du pseudonyme de Lautréamont. Venant juste avant les Illuminations de Rimbaud cette œuvre de forme libérée, en prose poétique préfigure le symbolisme et même le surréalisme.
Verlaine, usant de nuances intuitives et de symboles subtils nous entraîne par la magie de la musicalité du vers dans un état de réceptivité semi-inconsciente qui est un langage pour l'âme et le cœur, plus que pour l'intellect. Poussant encore plus loin l'expérience, en dehors de toute école ou chapelle littéraire, Mallarmé cherche le passa¬ge de l'apparence à la réalité cachée et de la contingence visible à l'Idéal. Maniant superbement l'hyperbole, il parvient à un hermétisme harmonieux, où la pensée devient intraduisible. C'était à la fois fascinant et dangereux, car cela ouvrait la porte à toutes les audaces du rêve et de l'inconscient, mais aussi à tous les canulars des hurluberlus qui hantaient les ruelles du Quartier Latin.
Cela ne tarda guère. Vers 1880 quelques jeunes poètes, qui étouffaient sous la rigoureuse discipline du Parnasse recherchèrent dans l'outrance du laisser-aller une forme, suprême de raffinement. Les "coq-à-l'âne", les jeux de mots, l'argot, les tournures familières et la dissection du vers traditionnel furent une véritable mode et le dernier cri du snobisme. Le succès fulgurant de Rimbaud semble porter ces "décadents" qui ont fait un titre glorieux du terme à l'origine péjoratif utilisé par leurs adversaires. La plus belle illustration de cet art est la parution en 1885 sous la double signature de Gabriel Vicaire et Henri Beauclair d'un recueil de parodies intitulé "les déliquescences de Désiré Floupette".
Malgré une forte opposition des tenants de la tradition classique et des "fils de la Grèce antique" que sont Ernest Reynaud, Raymond de La Tàilhède, Maurice Du Plessys et Charles Maurras, qui créent en réaction "l'Ecole Romane", de nombreux adeptes du décadisme profitent du courant lancé.
Le mouvement symboliste a connu plusieurs vagues successives. Sa première apogée se situe entre 1880 et 1895. Puis, les dernières années du siècle ayant tourné les esprits vers des contingences plus immédiates,(affaire Dreyfus, lois scolaires, laïques et le début du XXème siècle avec les menaces de guerre et la guerre mondiale apportèrent une sorte de vide ou de trêve dans le mouvement.
Une seconde vague, fréquemment appelée néo-symbolisme apparut autour de 1920, et doit son importance aux noms prestigieux de quelques-uns de ses poètes. Mais déjà le symbolisme n'avait plus tout à fait la même orientation.
Nous avons déjà cité le nom de quelques-uns des principaux précurseurs ou initiateurs du symbolisme, dont le rôle fut déterminant. La plupart devaient déjà leur notoriété au Parnasse dont ils avaient d'abord été de fervents adeptes, avant de préconiser un autre mode d'expression:
BAUDELAIRE (1821-1867), auteur des "Fleurs du mal", de "Spleen et idéal" et de "Poèmes en prose", tout en gardant en général une forme classique marque le passage au symbolisme par l'idée de dualité entre le Bien et le Mal et celle des "correspondances".
VERLAINE (1844-1896 auteur des recueils parnassiens de "La Bonne Chanson" et des "Fêtes Galantes" publie l'émouvant recueil de "Sagesse", puis retourne à la déchéance qu'il traduit dans "jadis et Naguère", "mes prisons", "Confessions".
RIMBAUD (1854-1891) passa dans la poésie comme un météore et avait terminé sa carrière poétique à dix-sept ans. Auteur de "Le Bateau Ivre"- "une saison en Enfer"- "Les illuminations" a fortement marqué le symbolisme par sa conception de "Voyant".
Stéphane MALLARME (1842-1898) Rencontre à Paris la plupart des "décadents" et se lie d'amitié avec eux. Il publie en 1877 "le tombeau d'Edgar Poe", un art poétique sibyllin en 1885,(La prose pour des Esseintes), "Hérodiade", " L'après-midi d'un faune ". II est le créateur de l'"Hermétisme ".
Albert SAMAIN (1858-1900) modeste employé de la Ville de Paris a le culte de la poésie. La pureté du style, très parnassienne s'allie à une limpidité des symboles qui en fait un poète accessible à tous et particulièrement attachant: "Au jardin de l'Infante" "-aux flancs du Vase"- "le chariot d'or".
Jean MOREAS (1856-1910) né à Athènes, d'abord un des chefs du symbolisme avec "les Syrtes, puis les "cantilènes", retourne ensuite à la plastique grecque en fondant en 1891 l'école romane en réaction contre les abus hermétiques du symbolisme "stances".
LES POETES FLAMANDS : Cette forme poétique devait nécessairement attirer les peuples septentrionaux et une des caractéristiques du mouvement en fut l'abondance des poètes belges et flamands, au point que des esprits chagrins les ont même accusés de vouloir "conquérir la race française"... !
Georges RODENBACH (1855-1898) épris de sa ville de Bruges-la Morte, auteur du "règne du silence", des "vies encloses" et pour qui "le gris des ciels du Nord, dans mon âme est resté".
Emile VERHAREN (1855-1916), auteur des "flamandes", des "campagnes hallucinées", des "villes tentaculaires ", des "forces tumultueuses5' et aussi poète intimiste des : "Heures Claires", meurt écrasé par un train, en gare de Rouen.
Charles VAN LERBERGHE (1861-1207) auteur de ce monument lyrique qu'est "la chanson d'Eve"
Maurice MAETERLINCK (1862-1949) qui, outre ses contes (Pélléas et Mélisande -l'Oiseau-bleu) nous tient sous le charme du mystère avec "serres Chaudes" ou "Les douze chansons"
Maurice CAREME (1899-1978) né à Wavre, près de Bruxelles, de parents forts pauvres (père peintre en bâtiment –mère boutiquière) vit une enfance heureuse et simple qui marquera toute sa vie. Chantre de la vie simple, de la nature, de la famille, c’est avant tout le poète des enfants.
LES "MERIDIONAUX : "on classe dans cette catégorie, un certain nombre de poètes dont les attaches sont diverses, en raison de leurs affinités avec le plus marquant d'entre eux.
Francis JAMMES: (1868-1938) né en Béarn, fait ses études à Bordeaux et mène ensuite près de sa mère une vie paisible à Orthez. Il crée une forme poétique de la simplicité, avec une volonté évidente de copie fidèle de la nature. La naïveté qui s'en dégage atteint un intense degré de charge émotive:" "de l'Angélus de l'aube à l'angélus du Soir"- "le deuil des primevères" - "clairières" - " dans le ciel"- "ma fille Bernadette", C'est un fervent chrétien, fortement marqué de mysticisme;
Francis CARCO (1886-1958) né à Nouméa, vint à Paris, où il fut profondément bouleversé par l'atmosphère des bas-quartiers de la capitale. "La bohème et mon cœur... Auteur aussi de romans populaires comme "Jésus la caille:" ou "la rue"
Henri de REGNIER (1864-1936) né à Honfleur, gendre de J.M. de Heredia, auteur de "poèmes anciens et romanesques"- "Jeux rustiques et divins"- "La sandale ailée"- "les médailles d'argile" "la cité des eaux"....
Tristan CORBIERES (1845-1887) né à Morlaix-vécut en Provence auteur de "les amours jaunes" un des premiers "décadents"
Tristan DEREME (1869-.1945) Tristan KLINGSOR (1874-1966)…
LA POESIE FEMININE: est un autre phénomène marquant de cette école, défini par Charles Maurras comme "un romantisme au féminin."
Anna de NOAILLES (1876-1933) qui célèbre avec un lyrisme attachant son ardente communion avec la nature et la vie "Le Coeur Innombrable ".-"l'ombre des jours"- "Les Eblouissements" -"les vivants et les morts"
Mme Gérard d'HOUVILLE , née Maria de Heredia (1875-1963) épouse d'Henri de Régnier, souvent comparée à Musset
Renée VIVIEN (1877-1909) auteur du "Brûlant Lesbos", amie de Colette
Lucie DELARUE-MARDRUS (1880-1945) aussi attachée à sa Normandie natale qu'à ses rêves orientaux. native de Honfleur, comme H. de Régnier c'est elle qui provoqua la rencontre de celui-ci avec Marie de Hérédia, son amie.
Marie-Mélanie ROUGET (1882-1967) plus connue sous le nom de MARIE-NOEL, d'Auxerre, qui mêle avec un rare bonheur la simplicité et l'intimisme avec un ardent mysticisme, et qui, demeurée vieille fille, sut pourtant trouver d’inoubliables accents pour magnifier l'amour chaste.
LES NEO-SYMBOLISTES DU XXème SIECLE. Nous ne citerons ici que les trois plus grands, dont l'influence fut, et demeure, de nos jours encore considérable sur nos concitoyens.
Paul VALERY (1871-1945) né à Sète, Il a été amené à définir sa poétique qui est en fait le "credo" du langage poétique, lequel, selon Valéry, doit être "un langage dans le langage" et éveiller une résonance qui engage l'âme dans un univers poétique, comme un son pur au milieu des bruits laisse pressentir un univers musical" Aussi la poésie prend toute sa valeur par la diction. C'est ce qu'on a, par la suite appelé "la poésie pure" qu'il qualifie d'art difficile et toujours inachevé, car toujours perfectible.
Charles PEGUY (1873-1914) né à Orléans, orphelin, élevé par sa mère et sa grand -mère dans une extrême pauvreté. Mobilisé comme lieutenant il est tué dès le 5 septembre 1914, à Villeroy dans la Meuse. Sa poésie est une forme de prière, aussi revêt-elle le rythme du psaume ou la prose des versets bibliques; un profond mysticisme s'en dégage, notamment dans les "Mystères" ou dans "la Tapisserie de J D'Arc:" ou encore dans son hymne à N.D. de Chartres.
Paul CLAUDEL (1868-1955), né à Ville/Fère en Tardenois. Influencé par la poésie de Verlaine et de Rimbaud il a cependant un véritable culte pour l'art. Mystérieusement touché par la Foi au cours de l'office des vêpres de Noel sa vie en sera changée. Il mène en parallèle une carrière diplomatique et littéraire ; compose plusieurs drames (La J F Violaine et "l'annonce faite à Marie) .Consul de France aux USA, à Boston, puis en Extrême-Orient Prague, Francfort, Hambourg, jusqu'à la guerre de 1914.1l est encore nommé ambassadeur à Rio de Janeiro, Copenhague, Tokyo, Washington et Bruxelles . Il développe une très brillante carrière de dramaturge pendant toute cette période en créant cette forme particulière qu'on appellera "le verset claudélien" dont le rythme, qui veut recomposer le mouvement de la houle, et le rythme respiratoire concourt puissamment à exprimer la profondeur de souffle mystique qui imprègne sa poésie. Selon ses propres mots Claudel voulait "recevoir être et restituer l'Eternel".
Mais, cette poésie intellectuelle et élitiste ne répondait déjà plus-aux préoccupations de l’après-guerre, et le surréalisme en triompha sans peine.
Lucette MOREAU
Lauréate de l’Académie Française
Association I Mentions & Crédits I Newsletter I Evénement
La Ronde Poétique - 14 rue de Verdun - F-92500 Rueil-Malmaison