Jean-Charles Dorge

Vers un horizon de lumière

Imaginer son Ange

La philosophie en tant que pensée élaborée par le raisonnement logique ne se prive-t-elle pas de ce qui lui permettrait d’atteindre les hauteurs de la pensée visionnaire, à savoir l’intuition première émanant d’un imaginaire spontané, accessible ou approfondi par la méditation ?
La poésie, au sens de la création d’un espace de la pensée, reliant l’essence de celle-ci à une intelligence apprivoisée, pourrait entrer dans la définition de l’âme, qui monte vers les cimes ou descend du ciel vers la terre à la vitesse d’un instantané de lumière. 

Vouloir que ce qui nous arrive d’en haut s’apparente à l’intervention systématique du Dieu de la Création, risquerait de créer l’idée d’un dieu extérieur à soi-même et tendrait alors à nier la puissance de l’esprit humain, capable de projeter le « soi » hors de lui pour vivre à l’état d’apesanteur bénéfique, voire lui donner un éclairage autonome, lequel confère à l’homme sa propre dignité.
Ainsi, le rôle de la poésie dépasserait le stade d’une simple production langagière, fournissant par ses métaphores des images que le poète et son auditoire recréent jusqu’aux limites de leur imaginaire. La poésie apporte de nouvelles fenêtres de vision, par lesquelles chacun peut s’élancer vers des horizons inédits, des domaines inconnus, se transportant au cœur d’une pensée universelle à laquelle l’individu est appelé à participer.
Pour atteindre l’objectif d’un Amour qui nourrirait suffisamment le cœur des hommes pour leur éviter la tentation d’entrer en conflit permanent les uns contre les autres, s’agirait-il non pas de dire sous toutes les formes possibles qu’il faut s’aimer, mais de s’efforcer d’élever son esprit au niveau d’un surhomme pensant ? L’esprit doit apprendre à se fondre au sein de l’Amour lui-même. Le Saint-Esprit de l’Homme serait donc le dédoublement de l’intelligence en un Ange survolant l’homme pensant.